Depuis quelques temps au Sénégal des intellectuels sont à couteaux tirés dans le débat sur la démocratie sénégalaise. Après le groupe des 142 qui ont tiré à boulets rouges sur le régime en place, un autre groupe d’un millier souscrit à la pétition se met en selle et magnifie la démocratie au Sénégal et prône la préservation de « l’ordre public ».
Cette réplique de ces 1220 intellectuels sénégalais à la pétition des 142 intellectuels baptisée « Sénégal le temps du désenchantement » à sa tête le Pr Serigne Diop, ancien médiateur de la République, condamne fermement la démarche « sélective et partisane » des 142 signataires de la pétition pour le rétablissement de l’Etat de droit et la libération d’Ousmane Sonko. Certes, la crise politique peut susciter beaucoup d’inquiétudes auprès des intellectuels mais de là à aller jusqu’à les diviser dans le débat, c’est quand-même excessif à mon sens.
L’on peut être soucieux de la situation politico sociale du Sénégal en ce qui concerne ce que certains appellent « violation des droits et instrumentalisation de la justice », mais il faut savoir revenir à la raison pendant qu’il est encore tant. Car il est de la responsabilité des intellectuels mais aussi de tous les citoyens, vigies naturelles des libertés en péril, de prendre la défense des valeurs fondamentales dans un État de droit que sont la liberté d’expression et de circulation mais aussi et surtout le respect des lois en vigueur.
Ce qu’il est également attendu d’eux, c’est qu’ils posent un débat de haut niveau, beaucoup plus bénéfique et attrayant par rapport aux préoccupations de leurs concitoyens. Mais aujourd’hui se positionner sur des questions purement politiciennes relèverait d’un recul du débat scientifique.
Et vous conviendrez avec moi que le rôle des universitaires est de poser sur la table des questions prodigieusement scientifiques au plus haut degré et y apporter des répliques susceptibles de pouvoir faire évoluer la société. Mais c’est dommage de constater que la politique, avec son envergure irrésistible, a fini par engloutir toute cette base là qu’avait le débat scientifique au sein de la société.
La question préoccupante reste à savoir à qui va profiter cette guéguerre entre intellectuels sénégalais. Parce que ces derniers qui auraient pu nous parler de cette société en panne à redresser en urgence, ont choisi de nous emballer dans des positionnements politiciens.
Même si d’autres peuvent penser que la controverse est mieux que le consensus pour ne pas leur reprocher de prendre position, cette guéguerre entre intellectuels pour ou contre le régime relève du débat puéril.
SN/DY/SHN