Le président de la République appelle à «l’application de mesures conjoncturelles et structurelles urgentes pour renforcer la résilience et la crédibilité de notre système économique, budgétaire, financier et comptable». Bassirou Diomaye Faye intervenant hier, en Conseil des ministres, sur «les enseignements et analyses issus de l’audit des finances publiques réalisé par la Cour des comptes».
Pour rappel, ce rapport, rendu public la semaine dernière, a fait état d’une série d’anomalies dans la gestion des finances publiques dans la période 2019-2024. Entre autres irrégularités, l’organe de contrôle a relevé, par exemple, un encours de la dette de 99, 67%, c’est-à-dire un niveau supérieur à celui affiché dans les documents de reddition, des dépenses sans couverture budgétaire, des décaissements irréguliers de plusieurs centaines de milliards de francs Cfa…
Face à cette situation, le président de la République a «demandé au Premier ministre de lui proposer un chronogramme de mise en œuvre de toutes les recommandations du rapport d’audit de la Cour des comptes et de lui faire parvenir, dans les meilleurs délais, un programme spécial de maîtrise des dépenses publiques, en tenant compte des impératifs économiques et sociaux, à court et moyen termes, dictés par le déploiement de la vision «Sénégal 2050»».
Il a également «souligné l’importance d’une bonne maîtrise des programmes budgétaires, des plans de financement et de trésorerie de l’Etat pour les trois prochaines années, des dépenses fiscales et de la dette publique». A ce propos, des instructions ont été données au ministre des Finances et du budget et à celui chargé de l’Economie, afin qu’ils proposent, «sous la coordination du Premier ministre, une nouvelle réglementation sur les conditions et modalités d’émission des emprunts de l’Etat, ainsi qu’un nouveau cadre organisationnel de pilotage et de gestion de la dette publique». Diomaye a indiqué «l’urgence d’asseoir l’intégrité de l’information financière en termes de fiabilité, d’exhaustivité, d’exactitude et de sincérité… Il en appelle à un véritable changement de paradigme dans la gouvernance administrative, économique, financière et comptable de l’Etat».
Le Premier ministre est ainsi invité à «engager des concertations avec toutes les Forces vives de la Nation, les centrales syndicales, le secteur privé national et le patronat notamment, afin de partager avec précision les conséquences de la situation décrite et de trouver les consensus adaptés à la mise en œuvre soutenable du nouvel agenda de transformation de la gestion des finances publiques, dans la solidarité et la protection sociale des couches vulnérables».
Conformément aux directives du chef de l’Etat, le Pm a «instruit le ministre des Finances et du budget de prendre les dispositions appropriées en vue de la mise en œuvre diligente des mesures correctives requises, sans délai, aux fins de rendre opérationnelles lesdites recommandations…».
Ousmane Sonko a «relevé qu’au-delà de l’amélioration de la gouvernance budgétaire et financière des deniers publics, le gouvernement entend mettre en œuvre les mesures correctives requises à court terme, portant sur la rationalisation des dépenses publiques et la réduction du train de vie de l’Etat». Il a ainsi annoncé la tenue de la «première rencontre entre le gouvernement et les partenaires sociaux, le jeudi 27 février 2025, en vue d’assurer la mobilisation de l’ensemble des Forces vives de la Nation dans l’œuvre de redressement économique et financier du pays». Cette rencontre, qui constituera le point de départ d’un dialogue inclusif, franc et patriotique, réunira, selon lui, autour du gouvernement, «les syndicats, les organisations d’employeurs et de la Société civile, les institutions de la République, les dirigeants d’entreprises, des organismes nationaux, des associations et des amicales».