La problématique d’un troisième mandat, au regard de notre histoire politique doit être traitée avec dextérité d’autant plus qu’elle n’a jamais cessé d’aiguiser l’appétit de tous les leaders politiques et tous les citoyens avisés.
L’intérêt pour cette question me semble pertinent dans la mesure où elle nous place dans l’envie d’une commémoration suite à une histoire douloureuse, triste et récente. Ainsi, la commémoration est par principe la flamme que nous devons laisser allumer par respect pour ceux qui sont tombés aux combats mais surtout pour ceux qui sont en train de les suivre. En effet, une grande figure politique disait : « un peuple qui oublie son passé se condamne à l’horreur de vivre ». Par conséquent, les sénégalais ne doivent en aucun cas varier dans leur position de principe c’est-à-dire, ils ne doivent jamais cautionner ne se reste qu’une probabilité d’un troisième mandat car étant juridiquement, moralement et éthiquement impossible.
Justement, par devoir de mémoire, ce n’est pas par ce que l’on ne voit rien se passer qu’il ne se passe rien, il s’est passé des énormités au plan de la gouvernance électorale. En effet, beaucoup de sénégalais sont tombés dans le champ de bataille suite à des tentatives et des violations de la norme constitutionnelle.
Aujourd’hui, comme le Président de la République, gardien sans sifflet et sans bâton de la norme fondamentale semble avoir une mémoire courte éclipsant les manifestions du M23 avec ses cortèges de malheur. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, l’on peut dire que sans se tromper que l’oubli est une affaire de temps car celui-ci déclore toutes les couleurs et ternit l’éclat des émotions, le temps amortit la joie comme il console la peine, il endort la gratitude comme il désarme la rancune, enfin, il sèche nos larmes mais il éteint la flamme de la passion. Néanmoins, une opposition toute faite peut se faire car, il y’ a des moments de l’histoire qui doivent par principe échapper à tout oubli car étant importants et forgent notre communauté de destin. Autrement dit l’histoire ne disparait pas aussi facilement des cœurs ou de la mémoire.
Cher Président, au-delà de bref de l’histoire de la vie politique très mouvementée, si vous voulez relancer l’histoire et reconstruire le pays miné depuis dix ans par une gouvernance catastrophique, il urge de nous dire ubi orbi que vous n’êtes pas candidat, ainsi, le jeu serait ouvert et que les sénégalais auront la possibilité de choisir en toute quiétude leur nouveau Président pour un Changement de CAP.
Cher Président, au-delà de la nomination d’un PM et ensuite d’un gouvernement, prérogative régalienne d’un chef de l’Etat, l’heure est grave pour que vous vous décidiez.
Cher Président, il faut que vous vous décidiez si vous voulez imprimer votre nom dans les tiroirs de l’histoire car cette dernière est un juge aveugle et sans indulgence qui ne voit d’un règne que ses déchets.
Cher Président, il ne faut pas écouter certains tailleurs constitutionnels obnubilés par l’avoir, le gain et les privilèges alors que leurs thèses ne sauraient être accréditées ni sur le droit constitutionnel (constitution) ni sur le contentieux constitutionnel.
Cher Président, il ne faut pas du tout comparer juridiquement la situation de 2011 à celle d’aujourd’hui. Car en 2001, Le Président WADE, élu sous la bannière de la constitution de 1963, après, il change celle-ci en absence de disposition transitoire, ce qui rendait sa troisième candidature d’alors valable et conforme à la constitution de 2001. Cependant, aujourd’hui, la problématique du troisième mandat, réglée par la constitution en vigueur malgré la modification intervenue en 2016 (REFERENDUM) dans laquelle le conseil constitutionnel dans le fameux avis décision constellé de réserves, avait avancé que la disposition transitoire était inopportune. Donc, les juristes du camp présidentiel parlant en l’espèce de l’importance d’une disposition transitoire pour une interdiction formelle et sans équivoque d’un troisième mandant font fausse route et mobilisent le droit au service de la politique.
Bref, la logique juridique ne trouve pas son compte ni dans la thèse défendue par les partisans du Président de la République et que leurs thèses ne sauraient être accréditées ni sur le droit constitutionnel ni sur le contentieux constitutionnel.
Ibrahima NGOM /Juriste