La ville balnéaire de Saly-Portudal a accueilli hier l’ouverture officielle des Assises régionales de la jeunesse de la CEDEAO, un événement majeur coïncidant avec les célébrations du cinquantenaire de l’organisation sous-régionale.

La cérémonie a été présidée par Khady Diène Gaye, ministre sénégalaise de la Jeunesse, des Sports et de la Culture. Ce rendez-vous s’inscrit dans la continuité du Forum national de la jeunesse, tenu à Dakar les 26 et 27 novembre 2024, qui avait réuni quelque 150 jeunes issus de toutes les régions du Sénégal autour des problématiques d’employabilité, de migration irrégulière et des changements climatiques.

Prenant la parole devant un parterre de participants venus de toute la sous-région, Mme la ministre a insisté sur la nécessité d’inclure les jeunes dans les processus de décision à tous les niveaux. Elle a souligné que cette consultation prolonge les réflexions déjà entamées à Dakar et à Cotonou. « Une société qui marginalise sa jeunesse renonce à son avenir », a-t-elle lancé, appelant à bâtir une CEDEAO plus inclusive, à l’écoute des aspirations de sa jeunesse.

Initiée par la Commission de la CEDEAO, en partenariat avec le think tank sénégalais IPAR (Initiative Prospective Agricole et Rurale), cette rencontre régionale intervient à un moment symbolique : celui des cinquante ans de l’organisation. Pour Mme Gaye, cet anniversaire est l’occasion de « célébrer un demi-siècle de coopération et de rêve d’intégration », tout en dressant un bilan critique du chemin parcouru et en projetant une vision pour les décennies à venir.

La ministre n’a pas éludé les tensions actuelles qui fragilisent la cohésion communautaire, en particulier après le départ de plusieurs pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES). Une réalité qu’elle considère comme un appel à élargir le dialogue, en y intégrant les jeunes, les femmes et les acteurs locaux. « La CEDEAO de demain ne se fera pas sans une jeunesse instruite, créative et audacieuse, prête à bâtir des ponts là où d’autres érigent des murs », a-t-elle déclaré, saluant au passage le leadership du président Bassirou Diomaye Faye et de son Premier ministre Ousmane Sonko, tous deux parmi les plus jeunes dirigeants africains.

Les travaux ont rassemblé de nombreux jeunes leaders, des responsables associatifs, des décideurs politiques ainsi que des experts. Au menu des discussions : l’emploi, l’entrepreneuriat, la formation professionnelle, l’éducation, et la mobilité des jeunes dans l’espace communautaire. Une plateforme riche d’enseignements, qui vise à faire émerger des solutions partagées et ancrées dans les réalités locales.

Pour Mme Gaye, ces assises marquent un pas décisif vers « une CEDEAO des peuples, une CEDEAO des jeunes », en rupture avec les approches élitistes du passé. Un message fort à l’heure où l’organisation tente de se réinventer face aux défis géopolitiques et sociaux croissants.

De son côté, le professeur Fatou Sarr, commissaire au développement humain et aux affaires sociales de la CEDEAO, a souligné que la rencontre de Saly s’inscrit dans une dynamique de refondation enclenchée par la Commission depuis 2022. À l’horizon 2050, une nouvelle politique de rupture est en cours d’élaboration, visant à adapter les instruments communautaires aux aspirations de la jeunesse.

Selon la commissaire, ces assises ont pour ambition de recueillir les propositions concrètes des jeunes pour bâtir des programmes pertinents dans des domaines clés comme la santé, l’éducation et l’intelligence artificielle. L’objectif est d’en extraire une feuille de route stratégique, à présenter en 2026, qui servira de socle à une nouvelle gouvernance régionale centrée sur la jeunesse.

Alors que le continent s’apprête à relever des défis majeurs, la jeunesse ouest-africaine, réunie à Saly, entend bien ne plus rester spectatrice. Elle réclame sa place dans la salle des décisions, avec la volonté claire de façonner une CEDEAO qui lui ressemble : audacieuse, inclusive et résolument tournée vers l’avenir.

SN/SHN