Le Sénégal, qui a connu des crises politiques, tente de trouver des moyens de leur prévention. Le Cosce et 3D ont choisi des ambassadeurs de la paix pour régler ou prévenir d’éventuels conflits politiques.
Le Collectif des organisations de la société civile pour les élections (Cosce) et l’Ong 3D s’offrent une nouvelle prolongation de leur vision d’un espace public pacifié. Les deux structures ont procédé, mardi, au lancement officiel de l’Observatoire national de la démocratie, avec les ambassadeurs de la paix. «La mise en place de l’Observatoire national de la démocratie constitue une avancée significative, car il offre un cadre structuré pour suivre, analyser et anticiper les défis liés à la gouvernance démocratique. Quant aux ambassadeurs de la paix, ils incarnent une idée forte : la paix est l’affaire de toutes les institutions, des citoyens et Forces vives de la Nation. Ces ambassadeurs auront la noble mission d’être des sentinelles vigilantes, des médiateurs et des bâtisseurs de ponts dans nos communautés», explique le député Amadou Ba de Pastef, qui représentait le président de l’Assemblée nationale.
«A chaque fois qu’il y aura des tensions, des crises, ces ambassadeurs vont se lever pour aller prêcher la paix, pour trouver des compromis entre les différents protagonistes de ces crises ou de ces tensions afin de faire régner la paix dans ce pays, parce que notre pays a besoin de stabilité pour se développer. Il n’est pas possible de développer un pays dans les conflits, dans les crises. C’est dans la paix que nous développons le Sénégal», ajoute Pr Babacar Guèye, président du Cosce. Il pense qu’ensemble, main dans la main, on pourra bâtir un Sénégal plus juste, plus démocratique et résolument tourné vers l’avenir. «Vous les avez vus, ce sont tous des personnalités extrêmement crédibles, des personnalités qui ont joué leur partition dans les différents secteurs d’activités auxquels ils appartiennent. Ils sont acteurs, artistes, avocats, activistes de la Société civile, anciens ministres, anciens premiers ministres, communicateurs traditionnels, jeunes», a-t-il dit. D’après lui, «la démocratie n’est pas donnée, elle doit être nourrie et protégée. Elle a besoin d’être évaluée régulièrement pour voir quels sont les points de faiblesse, quels sont les points de confort, afin d’insister sur les points de faiblesse en vue d’améliorer notre démocratie».
Abondant dans le même sens, Me Mame Adama Guèye, qui a parlé au nom de ces ambassadeurs, s’est réjoui de cette initiative de la Société civile. «La paix ne va pas de soi. La démocratie n’est pas un acquis définitif. Nous devons avoir l’humilité de travailler de manière proactive. On a souvent attendu que les conflits éclatent et se déclarent pour réagir. Il est heureux qu’à cette occasion, la mise en place des ambassadeurs de la paix soit une initiative pour assurer une action proactive et participative», a-t-il dit.
Cependant, il indexe les politiques comme responsables des crises dans le pays. «En général, quand la Société civile bouge, c’est parce que les politiques se chamaillent. Les conflits naissent des rivalités politiques. Il est temps que notre pays relève que la politique et le combat politique ne peuvent être une fatalité. La politique est importante, mais nos politiques doivent se rendre compte qu’ils constituent une minorité dans le pays. Même s’ils ont la responsabilité de diriger le pays, il faut qu’ils aient conscience qu’ils sont minoritaires dans ce pays. C’est pour cela qu’il est extrêmement important que cette initiative arrive de manière proactive pour rappeler à chaque partie, à chaque fois que c’est nécessaire, qu’un pays ne gouverne que par sa majorité. Et dans ce cadre, la mise en place de l’Observatoire de la démocratie est aussi essentielle», a-t-il fait savoir.
Aujourd’hui, l’objectif de cette initiative est de replacer le citoyen au centre des intérêts. «Au nom des ambassadeurs de la paix, nous ne ménagerons aucun effort pour développer une culture de paix. L’essentiel de la mission sera de cultiver ce plaidoyer. Et ce plaidoyer doit cibler essentiellement les citoyens, parce que si chez chaque citoyen git une culture de paix, il sera difficile de perturber la paix sociale. Les acteurs doivent être sensibilisés. Et notre principal travail consistera à développer un plaidoyer en direction des citoyens pour développer une culture durable de paix avec laquelle nous pourrons espérer conserver ce patrimoine capital pour le Sénégal», ajoute Me Guèye. Il enchaîne : «Le patrimoine capital du Sénégal, c’est la paix. La paix est rentable. C’est dans l’intérêt de tout le monde. Chaque citoyen doit être conscient qu’en développant une culture de paix, il défend le Sénégal. C’est par la culture de paix que nous allons développer une culture commune du vivre-ensemble, sans laquelle rien n’est possible.»
SN/SHN