Le président du Conseil national du patronat s’est exprimé hier lors de la rencontre tripartite organisée au Grand Théâtre et présidée par le Premier ministre. Baïdy Agne est revenu largement sur la situation que traversent de nombreuses entreprises. Face au gouvernement, il a souligné que «l’Entreprise est fortement éprouvée». Selon le président du Cnp, «elle a subi, ces dernières années, une série de chocs exogènes successifs et sans précédent».

Et d’ajouter : «Et pourtant elle a fait montre d’une grande résilience en supportant les surcoûts financiers desdits chocs. Mieux, elle a répondu favorablement aux cahiers de doléances des travailleurs, notamment à travers les hausses du Smig, du Smag ainsi que des salaires catégoriels.» Cette résilience, renseigne-t-il, «d’année en année, s’est traduite par une dette intérieure qui s’amplifie, des créances auprès des banques et des fournisseurs qui augmentent, des obligations fiscales et sociales de plus en plus difficiles à honorer faute de trésorerie et des dépôts de bilan pour certaines entreprises».

Poursuivant ses propos, Baïdy Agne fait savoir que «les chefs d’entreprise, quels que soient leur secteur d’activités et la taille de leur entreprise, disent que la situation est difficile et qu’ils ont sur le dos les impôts, la douane, le contrôle économique et l’inspection du travail». Porte-parole du patronat, M. Agne soutient que «les chefs d’entreprise comprennent les réajustements de notre politique économique et budgétaire» ainsi que «les contraintes de l’Etat».

 Cependant, avertit-il,  «même si c’est difficile pour l’Etat, n’oublions pas que le chef d’entreprise n’a ni les capacités de l’Etat, encore moins les leviers gouvernementaux lui permettant d’agir en conséquence». Dans son allocution, M. Agne a attiré l’attention sur le fait que «les relations entre l’Etat-stratège et sa grande famille d’entrepreneurs doivent être bâties sur la confiance, l’engagement, la solidarité, la transparence et le respect mutuel». Et d’appuyer : «L’entreprise qui prend le risque d’investir n’est pas une charge pour la Nation, mais plutôt ce partenaire contributeur fiscal.» En outre, le président du Cnp déclare que l’entreprise «n’est pas un lieu de privation et de discrimination pour les travailleurs, mais plutôt ce créateur d’emplois qui permet la promotion sociale, l’égalité des chances et la redistribution de revenus décents».
Cette tribune a été aussi une occasion pour le représentant du patronat d’évoquer le paiement de la dette intérieure. Sur cette question, il «invite les partenaires techniques et financiers à maintenir leurs engagements pour permettre le plus tôt possible l’apurement progressif de la dette intérieure».

 Dans la même veine, il estime que «si l’entreprise a plus de visibilité sur les échéances de paiement, elle peut se réorganiser en conséquence pour maintenir les emplois et poursuivre ses activités et ses investissements». S’agissant de la problématique des subventions, M. Agne dit opter «pour une approche affectant moins le budget de l’Etat et ne mettant pas des entreprises en situation de difficulté».