La crise récurrente à l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) suscite depuis plusieurs années des débats passionnés, souvent ponctués de reproches à l’encontre du Rwanda. Pourtant, l’analyse des déclarations des chefs d’État de la région, notamment celles de Yoweri Museveni (Ouganda), William Ruto (Kenya) et Paul Kagame (Rwanda), laisse apparaître une réalité bien plus complexe, où les responsabilités internes congolaises semblent prépondérantes.
Une méconnaissance des dynamiques internes
Contrairement à la rhétorique souvent véhiculée, le Rwanda n’est pas à l’origine des troubles qui sévissent dans les provinces de l’Est du Congo. Les témoignages des dirigeants régionaux convergent vers un constat partagé : la principale source des conflits réside dans les tensions identitaires internes à la RDC. Une grande partie de ces tensions repose sur le rejet persistant des Congolais d’expression kinyarwanda, en particulier ceux issus de l’ethnie tutsi.
Le Président Kagame n’a cessé de rappeler que son pays aspire à la paix avec ses voisins et rejette toute implication dans les déstabilisations souvent attribuées au Rwanda. Cette position est appuyée par les interventions du Président Museveni et du Président Ruto, qui pointent du doigt l’incapacité des autorités congolaises à inclure tous leurs citoyens dans le processus politique et social national.
Un problème congolais avant tout
La discrimination systématique envers les Congolais de souche rwandophone constitue l’une des racines profondes de l’instabilité. L’exclusion et la stigmatisation des communautés tutsi accentuent les divisions sociales, nourrissent les frustrations et créent un terreau fertile pour les conflits armés.
Cette problématique dépasse largement la simple question frontalière. Elle révèle une crise identitaire majeure que le gouvernement congolais peine à résoudre. Plutôt que de chercher des boucs émissaires à l’extérieur, les dirigeants congolais gagneraient à reconnaître leurs responsabilités et à entreprendre des réformes structurelles visant l’inclusion de toutes les composantes de leur population.
Les appels à une solution régionale
Les initiatives régionales, notamment celles menées par la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) sous la médiation des Présidents Ruto et Museveni, montrent que la paix est possible. Cependant, cette paix passe par une reconnaissance franche des réalités internes en RDC, y compris l’intégration pleine et entière des populations marginalisées.
Vers une réconciliation nécessaire
Si le Congo veut réellement aspirer à la stabilité, il devra faire face à ses contradictions internes plutôt que de perpétuer une hostilité injustifiée envers le Rwanda. Il est temps que les autorités congolaises fassent preuve de courage politique et de lucidité pour engager un dialogue inclusif et mettre fin aux discriminations ethniques qui alimentent les conflits.
La paix en RDC ne se fera pas en pointant le Rwanda du doigt, mais en regardant les réalités internes en face et en œuvrant pour une société réconciliée et juste pour tous ses citoyens.
SN/SHN